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Triomphez, belle princesse,
Des amants audacieux :
Ne cédez qu’à la tendresse
De qui sait aimer le mieux.

Heureux le cœur qui vous aime,[1]
S’il étoit aimé de vous !
Dans les bras de Vénus même,
Mars en deviendroit jaloux.

Triomphez, belle princesse,
Des amants audacieux :
Ne cédez qu’à la tendresse
De qui sait aimer le mieux.

Qu’il est facile aux Dieux de séduire une belle ![2]
Tout parloit en faveur de Neptune amoureux ;
L’éclat d’une cour immortelle,
Le mérite récent d’un secours généreux.
Dieux ! quel secours ! Amour, ce sont là de tes jeux.[3]
Quel Satyre eût été plus à craindre pour elle ?

  1. Heureux le cœur qui vous aime, etc. Il y a, dans ces petits couplets, autant de grâce et d’esprit que de sentiment ; et tout cela est exprimé avec cette naïve simplicité qui devoit porter la conviction dans le cœur de la jeune Nymphe.
  2. Qu’il est facile aux Dieux de séduire une belle ! Neptune la séduisit
    en effet, et eut d’elle un fils, Nauplius, qui fut roi d’Eubée, et
    père du fameux Palamèdes, si injustement sacrifié, pendant le
    siége de Troie, au ressentiment du vindicatif Ulysse.
  3. Dieux ! quel secours ! etc. Il faut savoir gré au peintre de la délicatesse
    avec laquelle il voile le reste du tableau.