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À l’innocence poursuivie, [1]
Grand Dieu, daigne offrir ton secours ;
Protége ma gloire et ma vie
Contre de coupables amours.

Hélas ! ma prière inutile
Se perdra-t-elle dans les airs ?
Ne me reste-t-il plus d’asile
Que le vaste abîme des mers ?

À l’innocence poursuivie,
Grand Dieu, daigne offrir ton secours ;
Protége ma gloire et ma vie
Contre de coupables amours.

La Danaïde, en pleurs, faisoit ainsi sa plainte,
Lorsque le Dieu des eaux vint dissiper sa crainte ;
Il s’avance, entouré d’une superbe cour :
Tel, jadis, il parut aux regards d’Amphitrite,[2]
Quand il fit marcher à sa suite
L’Hyménée et le Dieu d’amour.
Le Faune, à son aspect, s’éloigne du rivage  ;
Et Neptune, enchanté, surpris,
L’amour peint dans les yeux, adresse ce langage
À l’objet dont il est épris :

  1. À l’innocence poursuivie, etc. Ces vers sont d’une mélodie si douce et si pure ; la plaintive Amymone y soupire si délicieusement sa peine, que l’on ne conçoit guère ce que pourroit ajouter ici le talent du musicien au génie du poète.
  2. Tel, jadis, il parut, etc. L’éclat et la majesté du Dieu, la pompe brillante de sa cour, respirent dans ces beaux vers.