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Venez, je vous fuirois en vain ;
Et je vous reconnois à ces traits pleins de flamme
Que vous allumez dans mon sein.
Adieu, Muses, adieu : je renonce à l’envie[1]

De mériter les biens dont vous m’avez flatté :
Je renonce à ma liberté :
Sous de trop douces lois mon âme est asservie ;
Et je suis plus heureux dans ma captivité,
Que je ne le fus de ma vie
Dans le triste bonheur dont j’étois enchanté.[2]


CANTATE IV.
L’HYMEN.[3]

Ce fut vers cette rive, où Junon adorée
Des peuples de Sidon reçoit les vœux offerts,

  1. Adieu, Muses, adieu, etc. Comme Rousseau, Anacréon, Ovide
    et Horace ont maintes fois pris des Muses un congé, qu’elles ne
    leur ont heureusement pas plus accordé qu’à Rousseau lui-méme.
    Ils eussent probablement été bien fâchés, et nous aussi, qu’elles
    les eussent pris au mot
  2. Dans le triste bonheur, etc. Voilà les alliances de mots qu’autorise
    et se permet, sobrement toutefois, le langage de la poésie,
    parce qu’elles font heureusement ressortir, par le rapprochement
    des termes, l’opposition de deux idées, entre lesquelles il y avoit
    un espace immense à franchir.
  3. C’est quelque chose que, de bien choisir son titre ; et je suis persuadé que cette jolie Cantate paroîtroit plus jolie encore, si le