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CANTATE II.
ADONIS.


Le dieu Mars et Vénus, blessés des mêmes traits,
Goûtoient les biens les plus parfaits,
Qu’aux cœurs bien enflammés le tendre Amour apprête ;
Mais ce Dieu superbe et jaloux,
D’un œil de conquérant regardant sa conquête,
Fit bientôt aux plaisirs succéder les dégoûts.

Un cœur jaloux ne fait paroître
Que des feux qui le font haïr ;
Et, pour être toujours le maître,
L’amant doit toujours obéir.

L’Amour ne va point sans les Grâces ;
On n’arrache point ses faveurs:
L’emportement ni les menaces
Ne font point le lien des cœurs.

Un cœur jaloux ne fait paroître
Que des feux qui le font haïr ;
Et, pour être toujours le maître,
L’amant doit toujours obéir.

La Déesse déjà ne craint plus son absence ;
Et, cessant de l’aimer sans s’en apercevoir,