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CANTATE[1]
CANTATE I.
DIANE.

A peine le soleil, au fond des antres sombres,
Avoit du haut des cieux précipité les ombres, [2]
Quand la chaste Diane, à travers les forêts,
Aperçut un lieu solitaire

  1. La tâche du commentateur devient ici d’autant plus facile, et d’autant plus agréable, qu’il n’y a plus guère qu’à louer, qu’à rendre un constant hommage au génie créateur du poète, dans un genre où notre littérature ne lui offroit point de modèle, et dans lequel il n’a point encore trouvé de rivaux. Si la critique pouvoit, et devoit par conséquent, signaler un assez grand nombre de taches, plus ou moins graves, dans les Odes de Rousseau, elle n’a jamais eu qu’une voix, qu’une formule, celle de l’admiration, pour s’exprimer sur le mérite des Cantates. « Elles suffîroient, dit Le Brun, pour le placer au plus haut rang, parce qu’il , y développe toutes les qualités qui font le grand poète : l’invention, le coloris, la grâce et les artifices du style, portés au plus haut période. » —Laharpe regarde ces mêmes Cantates comme des morceaux achevés. « C’est là, dit-il, qu’il paroît avoir eu le plus de souplesse et de flexibilité : il sait choisir ses sujets, les diversifier et les remplir. Ce sont des morceaux peu étendus, mais finis. » Nous n’appellerons sans doute pas de l’équité de ces jugements : nous nous bornerons à les confirmer par nos remarques de détail.
  2. Précipité les ombres. C’est peindre, en l’exprimant, la rapidité
    du passage subit des ténèbres à la lumière. Le tableau opposé est
    rendu par Virgile avec la même vérité, la même précision : Ruit
    Oceano nox. (Eneid. II, 250.)