Page:Rousseau - Œuvres de J B Rousseau, nouvelle édition, Tome I, 1820.djvu/391

Cette page n’a pas encore été corrigée

Ne consacre qu’à toi ses vœux et ses efforts ;
Toi qu’ils ne verront point, que nul n’a jamais vue,
Et dont pour les vivants la faveur suspendue
Ne s’accorde qu’aux morts ;

Vierge non encor née, en qui tout doit renaître
Quand le temps dévoilé viendra te donner l’être,
Laisse-moi dans ces vers te tracer mes malheurs ;
Et ne refuse pas, arbitre vénérable,
Un regard généreux au récit déplorable
De mes longues douleurs.

Le ciel, qui me créa sous le plus dur auspice,
Me donna pour tout bien l’amour de la justice^
Un génie ennemi de tout art suborneur,
Une pauvreté fière, une mâle franchise,
Instruite à détester toute fortune acquise
Aux dépens de l’honneur.

Infortuné trésor ! importune largesse !
Sans le superbe appui de l’heureuse richesse,

    il lui faut chercher d’autres causes qu’une épigramme[Sur le seul titre de la pièce, A la Postérité, Voltaire dit:Cela n’ira pas a son adresse.]. Au surplus, l’événement a complètement trompé la prédiction; èt l’Ode est, comme l’on voit, arrivée à son adresse. Sous le rapport de l’exécution littéraire, cette Ode est l’une des meilleures que l’auteur ait faites dans sa vieillesse. Elle offre un assez grand nombre de beaux vers, et presque aucune des taches que nous avons signalées avec une respectueuse sévérité, dans ses dernières productions.