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D’un plus heureux avenir,
De ta douleur accablante
Doit chasser le souvenir :
C’étoit le dernier désastre
Que de ton malheureux astre
Exigeoit l’inimitié :
Calme ton âme inquiète ;
Némésis est satisfaite,
Et ton tribut est payé.


ODE X.
A LA POSTÉRITÉ.[1]

Déesse des héros, qu’adorent en idée
Tant d’illustres amants dont l’ardeur hasardée

  1. Réduit, ou plutôt condamné à la triste nécessité de parler de lui, et de réclamer auprès de la postérité la tardive justice que ne lui avoient point rendue ses contemporains, Rousseau le fait ici avec cette noblesse, cette dignité tranquille, qui n’abandonnent jamais l’homme sur de son innocence, et opposant sa propre estime au jugement d’un siècle séduit par l’apparence, ou corrompu par la malignité. Ce ne sont plus ici de ces violentes déclamations, de ces satires personnelles échappées aux premiers transports de la passion ; c’est l’épanchement d’une âme honnête, douloureusement oppressée, et qui dépose dans cette espèce de testament moral ses derniers chagrins et ses dernières pensées. Ce seroit, à en croire les compilateurs d’anecdotes controuvées, de cette pièce même que dateroit la longue et scandaleuse inimitié qui divisa Voltaire et Rousseau. Elle ne fut que trop réelle ; mais