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-barea à qui l’on vantait les magnificences du cirque et des jeux établis à Rome. Les Romains, demanda ce bon homme, n’ont-ils ni femmes ni enfants ? Le barbare avait raison. L’on croit s’assembler au spectacle, et c’est là que chacun s’isole ; c’est là qu’on va oublier ses amis, ses voisins, ses proches, pour s’intéresser à des fables, pour pleurer les malheurs des morts, ou rire aux dépens des vivants. Mais j’aurais dû sentir que ce langage n’est plus de saison dans notre siècle. Tâchons d’en prendre un qui soit mieux entendu.

Demander si les spectacles sont bons ou mauvais en eux-mêmes, c’est faire une question trop vague ; c’est examiner un rapport avant que d’avoir fixé les termes. Les spectacles sont faits pour le peuple et ce n’est que par leurs effets sur lui qu’on peut déterminer leurs qualités absolues. Il peut y avoir des spectacles d’une infinité d’espècesb : il y a de peuple à peuple une prodigieuse diversité de mœurs, de tempéraments, de caractères. L’homme est un, je l’avoue ; mais l’homme modifié par les religions, par les gouvernements, par

Chrysost. i nMatth. Homel. 38. {{Refa|b|« Il peut y avoir des spectacles blâmables en eux-mêmes, comme ceux qui sont inhumains ou indécents et licencieux : tels étaient quelques-uns des spectacles parmi les païens. Mais il en est aussi d’indifférents en eux-mêmes, qui ne deviennent mauvais que par l’abus qu’on en fait. Par exemple, les pièces de théâtre n'ont rien de mauvais entant qu’on y trouve une peinture des caractères et des actions des hommes, où l’on pourrait même donner des leçons agréables et utiles pour toutes les conditions : mais si l’on y débite une morale relâchée si les personnes qui exercent cette profession mènent une vie licencieuse et servent à corrompre les autres, si de tels spectacles entretiennent la vanité, la fainéantise,