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-blissement si contraire à nos maximes. Quelles que soient vos raisons, il ne s’agit pour moi que des nôtres ; et tout ce que je me permettrai de dire à votre égard, c’est que vous serez sûrement le premier philosophea qui jamais ait excité un peuple libre, une petite ville, et un état pauvre, à se charger d’un spectacle public.

Que de questions je trouve à discuter dans celle que vous semblez résoudre ! si les spectacles sont bons ou mauvais en eux-mêmes ? s’ils peuvent s’allier avec les mœurs ? si l’austérité républicaine les peut comporter ? s’il faut les souffrir dans une petite ville ? si la profession de comédien peut être honnête ? si les comédiennes peuvent être aussi sages que d’autres femmes ? si de bonnes lois suffisent pour réprimer les abus ? si ces lois peuvent être bien observées ? etc. Tout est problème encore sur les vrais effets du théâtre, parce que les disputes qu’il occasionne ne partageant que les gens d’église et les gens du monde, chacun ne l’envisage que par ses préjugés. Voilà, monsieur, des recherches qui ne seraient pas indignes de votre plume. Pour moi, sans croire y suppléer, je me contenterai de chercher, dans cet essai, les éclaircissements que vous nous avez rendus nécessaires ; vous priant de considérer qu’en disant

[[#lien a|Deux célèbres historiens, tous deux philosophes, tous deux chers à M. d'Alembert, le moderne* serait de son avis peut-être ; mais Tacite, qu’il aime, qu’il médite, qu’il daigne traduire, le grave Tacite qu’il cite si volontiers, et qu’à l’obscurité près il imite si bien quelquefois en eût-il été de même ?]] Hume.