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ce n’est pas la mienne qu’ils choisiraient pour cela, et de pareilles discussions sont trop loin de mon inclination pour que je m’y livre avec plaisir : mais, ayant à parler du même article où vous leur attribuez des opinions que nous ne leur connaissons point, me taire sur cette assertion, c’était y paraître adhérer, et c’est ce que je suis fort éloigné de faire. Sensible au bonheur que nous avons de posséder un corps de théologiens philosophes et pacifiques, ou plutôt un corps d’officiers de moralea et de ministres de la vertu, je ne vois naître qu’avec effroi toute occasion pour eux de se rabaisser jusqu’à n’être plus que des gens d’église. Il nous importe de les conserver tels qu’ils sont. Il nous importe qu’ils jouissent eux-mêmes de la paix qu’ils nous font aimer, et que d’odieuses disputes de théologie ne troublent plus leur repos ni le nôtre. Il nous importe enfin d’apprendre toujours, par leurs leçons et par leur exemple, que la douceur et l’humanité sont aussi les vertus du chrétien.

Je me hâte de passer à une discussion moins grave et moins sérieuse, mais qui nous intéresse encore assez pour mériter nos réflexions, et dans laquelle j’entrerai plus volontiers, comme étant un peu plus de ma compétence ; c’est celle du projet d’établir un théâtre de comédie à Genève. Je n’exposerai point ici mes conjectures sur les motifs qui vous ont pu porter à nous proposer un éta-

C’est ainsi que l’abbé de Saint-Pierre appelait toujours les ecclésiastiques, soit pour dire ce qu’ils sont en effet, soit pour exprimer ce qu’ils devraient être.