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d’une société est d’être en paix avec elle même ; qu’il y avait à Rome dans les esprits un principe de sédition qui ne se dissipait que dans les fêtes ; et que lorsqu’un peuple n’est pas content, il faut tâcher de le rendre joyeux. Ce barbare aurait condamné les cercles de Genève comme les spectacles de Rome, et il aurait eu tort.

« Je n’aime point qu’on ait besoin d’attacher son a cœur sur la scène, comme s’il était mal au-dedans de nous. »

Une bonne conscience fait qu’on ne craint pas la solitude, mais ne fait pas qu’on s’y plaise toujours. Il est peu d’hommes qui s’aiment assez pour jouir continuellement d’eux-mêmes sans langueur et sans ennui. L’on a beau être à son aise au-dedans de soi, l’on y fait souvent de la bile. Il n’y a que Dieu dont on puisse dire, se suo intuitu beat ; encore, selon notre faible manière de concevoir, a-t -il pris plaisir à se répandre.

« Les spectacles sont faits pour le peuple, et c’est par leurs effets sur lui qu’on peut déterminer leurs qualités absolues… Quant à l’espèce des spectacles, c’est nécessairement le plaisir qu’ils donnent et non leur utilité qui la détermine. »

C’est au poète à rendre l’utile agréable, et tous les bons poètes y ont réussi : les détails en vont être la preuve. Mais c’est de quoi M. Rousseau est très-éloigné de convenir.

« La scène en général est, dit-il, un tableau des passions humaines dont l’original est dans tous les cœurs ; mais si le peintre n’avait soin de flat-