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MIRABEAU.

à tout, et se vantant, avec ses fanfaronnades coutumières, de ne pas rester, dans cette entreprise curieuse, au-dessous de sa renommée. Il n’est pas jusqu’à la pauvre Sophie qui, persuadée par ses adroits paradoxes, ne lui pardonne d’avance — en le plaignant — cette désagréable infidélité.

Un obstacle imprévu devait faire échouer de si honnêtes projets. Séparée de son mari depuis neuf ans, la comtesse de Mirabeau avait pris en patience son demi-veuvage et usait gaiement de sa liberté. Obligée de solliciter, par bienséance, la grâce du prisonnier, elle avait apporté dans ses démarches un zèle discret dont tant d’amers souvenirs faisaient excuser la nonchalance, et auraient, au besoin, tempéré l’ardeur.

Mais quand Mirabeau, libre enfin, tomba lourdement au milieu des fêles galantes d’Aix et du Tolomet, il y eut un soulèvement d’impatience contre ce revenant fâcheux qui, là comme ailleurs, suivant l’expression très juste du Bailli, était « un inconvénient perpétuel pour tout le monde ».

Lui seul n’était nullement embarrassé de son personnage ; et avec une aisance intrépide, sans douter un instant de l’accueil empressé qui l’attendait, il annonçait à sa femme le retour du mari gênant dont une si longue absence ne pouvait pas, disait-il, lui faire oublier la tendresse….

Ces avances hardies restèrent inutiles ; des lettres pressantes, pleines de galanteries surfaites et d’adjurations pathétiques, lui furent renvoyées sans