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CHAPITRE IV

En Hollande, il écrivait pour vivre ; à Vincennes, pour ne pas mourir ; pour échapper à l’ennui, à la folie, aux inornes tentations de la solitude ; jetant à travers les murailles et les barreaux du donjon muet des appels désespérés à la liberté ; cherchant à tromper, par d’ardentes images, la continence de ses passions enchaînées et les loisirs tumultueux de sa jeunesse inassouvie.

À Amsterdam, il avait ouvert un atelier et une boutique de littérature ; à Vincennes, ce fut une usine. Dès le lendemain de sa mort, la trouvaille suspecte d’un spéculateur sans scrupules en avait livré au public tous les produits ; amas prodigieux de dévergondage et d’éloquence, de basses besognes et de nobles études, d’écrits touchants et de libelles obscènes ; cuvée de passions, de vices et de génie qui, durant quarante-deux mois, avait bouillonné dans cette tête en feu, et qui en débordait sans cesse