Page:Rousse - Mirabeau, 1891.djvu/69

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CHAPITRE III

Jusqu’à présent, j’ai suivi Mirabeau presque pas à pas, tâchant de saisir dans leur premier relief ces traits qu’a ébauchés la légende et que cherche l’histoire. Ils ne feront plus que grossir et s’accentuer avec l’âge, pour composer la figure de l’homme lui-même, le masque de l’orateur, du politique et du tribun.

Maintenant, voici venir la cohue d’aventures, de fautes et de misères que pouvait faire pressentir cette indomptable jeunesse. Elles sont trop compliquées et trop connues pour que je m’y puisse attarder. Il faut seulement, d’un mot, en marquer la suite, pour ne pas rompre la trame qui enveloppe et tient tout le reste.

À peine marié, le jeune comte se répandit en extravagances fastueuses. Comme son père, comme son aïeul, « il s’essoufflait à faire le magnifique ». Bientôt ses gaspillages n’eurent plus de bornes. De Manosque à Marseille, il n’était bruit que des lar-