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MIRABEAU.

contre ceux qu’il croit les plus coupables, des accès de colère dont il ne cherche pas à modérer la véhémence ; et si parfois il se prête à son étrange neveu, s’il a pour lui, au plus fort de ses emportements, quelques faiblesses, rarement il est son jouet et sa dupe. Jamais, même dans son plein éclat, cette insolente fortune n’a forcé son admiration ni son estime. Le grand tribun, d’un trait cynique et juste, a bien donné la mesure de son oncle et la sienne : « Cet honnête homme n’a de défaut que son invincible faiblesse pour son frère…. »

La biographie du bailli de Mirabeau, qu’il avait écrite lui-même, est perdue ; elle se retrouvera peut-être un jour ; mais, à le juger par ses actions et par ses écrits, je ne crois pas qu’un autre homme puisse donner une idée plus imposante de ce qu’était, il y a cent ans, au déclin et jusque dans les ruines de l’ancienne monarchie française, ce sentiment bien français, cette vertu monarchique qui s’appelle l’honneur.