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MIRABEAU.

coin que le jour éclaire à peine, une dalle de marbre, surmontée d’un blason tourmenté. Sur le marbre, une inscription latine que, depuis cent ans, personne peut-être n’a jamais lue. C’est là que repose en paix le bailli de Mirabeau. L’épitaphe concise rappelle la date de sa naissance, la date de sa mort, les dignités dont il a été revêtu. Elle laisse entendre, sans le dire, qu’il est mort des suites de ses glorieuses blessures. Ce brave homme est mort comme il a vécu, simplement. C’était le meilleur des Mirabeau[1].

Ce n’était pas seulement un grand homme de bien ; c’était l’âme la plus droite, le cœur le plus tendre, l’intelligence la plus ouverte qui fût au monde. Il avait sur toutes choses des clartés pénétrantes ; des vues politiques d’une justesse, d’une étendue et d’une profondeur singulières ; une érudition vaste et sûre ; enfin, cette pointe d’utopie et ce génie d’écrire qui étaient la marque et comme l’accent particulier de sa race.

Dans l’espace de quarante ans, près de quatre mille lettres furent échangées entre son frère et lui. Elles sont dans de bonnes mains et seront sans doute publiées un jour. Parmi celles que nous connaissons et que le bailli a écrites, plusieurs sont des chefs-d’œuvre de bon sens, d’éloquence et de bonté.

Lorsque la discorde éclate dans la famille, il a,

  1. Je dois ces renseignements à l’obligeance de M. Laurent-Cochelet, consul de France à Malte.