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MIRABEAU.

que, montrant d’un geste véhément le palais du Louvre, et répétant une vieille fable cent fois démentie par l’histoire, il s’écriait : « Rappelez-vous que d’ici, de cette tribune où je parle, je vois la fenêtre du Palais dans lequel des factieux, unissant des intérêts temporels aux intérêts les plus sacrés de la religion, firent partir de la main d’un roi des Français — faible — l’arquebuse fatale qui donna le signal du massacre de la Saint-Barthélémy ».

Et longtemps après le marché conclu, lorsque, depuis six mois, il en touchait la rente, n’est-ce pas lui qui, regardant les députés de la droite, les apostrophait ainsi : « Les véritables factieux, les véritables conspirateurs sont ceux qui parlent des préjugés qu’il faut ménager, en rappelant nos antiques erreurs et notre honteux esclavage. Croyez-moi , ne vous endormez pas dans une si périlleuse sécurité ; car le réveil serait prompt et terrible !… »

N’est-ce pas lui encore qui, dans le même temps, au lendemain d’une émeute où la maison du duc de Castries avait été mise au pillage, rejetait ces désordres sur les ennemis du peuple, et demandait des châtiments exemplaires contre une poignée d’insolents conspirateurs ? « Si vous hésitez, disait-il, des mouvements impétueux et terribles, de justes vengeances, des catastrophes redoutables n’annonceront-ils pas que la volonté du peuple doit toujours être respectée ? Les insensés, ils nous reprochent nos appels au peuple…. Eh ! n’est-il donc pas heureux