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MIRABEAU.

dont il soit sûr, et ses « voyageurs » dont il réponde ; qu’on lui procure « douze espions parfaits pour rendre compte, heure par heure, des mouvements de MM. Lameth, Barnave, Duport, d’Aiguillon, Menou et Péthion. Les deux agents que M. de Mirabeau a été obligé de poster en Provence, sont en ce moment à sa charge individuelle. Bientôt ils achèveront de l’écraser ; car ses affaires particulières sont abîmées, parce qu’il a doublé ses dépenses secrètes pour être complètement en mesure…. » Il est bien juste qu’on paye ses agents, ses espions et ses voyageurs.

Et ses secrétaires ?… Pour préparer ses travaux, pour faire les dessous de ses discours, pour « travailler à son éloquence », il faut que l’orateur du peuple et du Roi ait autour de lui des fonctionnaires capables et zélés ; qu’il les paye tout ce qu’ils valent. Il ne peut pas les renvoyer, « dissoudre son atelier », ni mettre en grève son usine. Il faut empêcher Pellenc de le quitter sur un mot trop vif, Etienne Dumont de s’en aller à Londres, Clavière et du Roveray de retourner à Genève ;… il faut de l’argent pour les retenir.

Et sa santé, sans cesse mise en péril par tant de labeurs ! sa vessie enflammée, ses reins secoués par tant d’agitations et par tant de fatigues !… Sa vue est dans un état pitoyable. Il ne peut ni lire, ni écrire. Hier, il était arrivé à l’Assemblée la tête entourée de linges, le cou gonflé par des piqûres de sangsues saignant encore ; l’autre jour, « avec un bandeau sur