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MIRABEAU.

souverain, l’insuffisance des ministres, les menées irritantes de la cour, l’inexpérience présomptueuse d’une assemblée tout infatuée de son importance ; enfin, pour en revenir à Mirabeau, une ambition maladroitement rebutée, irritée par des refus qui révoltaient à la fois l’orgueil de l’homme, l’intelligence du politique et le patriotisme du citoyen ; on comprendra mieux, alors, les excès de langage où le grand orateur s’est trop souvent emporté ; on excusera peut-être aussi les alliances équivoques dans lesquelles il cherchait des sûretés pour sa personne, des appuis pour ses desseins et des auxiliaires pour sa fortune.

Mais à quoi bon tant de discours ? Entre lui et la postérité, Mirabeau n’a voulu ni avocats ni arbitres. Contre des accusateurs passionnés qui le dénoncent comme l’ennemi implacable de la monarchie et lui demandent compte de sa ruine, il entend se défendre lui-même. Il produit ses pièces. Il cite ses témoins ; il dicte fièrement ses aveux. Et si, par instants, cette défense hautaine étonne le public ou scandalise le juge, personne, que je sache, n’a le droit d’y rien changer, ni d’en rien distraire.