Page:Rousse - Mirabeau, 1891.djvu/100

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
92
MIRABEAU.

Caton de nouvelle fabrique, de scélérat achevé qu’il fallait soustraire au souvenir des humains ».

Que pouvait être le mari qui avait été un tel fils, et dont son père disait en trois mots : « singe, loup ou renard, tout lui est bon » ?

Vainement le malheureux père fit des efforts désespérés pour reprendre ses lettres et pour arrêter le procès. Ses plaintes et ses conseils se perdirent dans le bruit de ces passions déchaînées. Il vit arriver la catastrophe sans la pouvoir conjurer ; et n’ayant plus que le choix des humiliations, défenseur attardé de ce fils dont ses propres écrits le faisaient le plus redoutable accusateur, il fut, malgré lui, traîné sur la scène, comme le comparse sacrifié de cette odieuse tragédie.

Quant à Mirabeau, acculé à son passé, excité par la lutte, dévoré par cette fièvre de parler, de paraître et d’agir qui était comme le feu intérieur de son génie, il s’était jeté tête baissée dans la lutte.

Si l’on veut connaître d’un seul coup tout ce que peuvent soulever d’ignominies ces procès qui livrent au public les secrets d’un ménage divisé et d’une famille désunie, il faut lire les débats de cette affaire. C’est un de ces drames domestiques comme en ont vu les hommes de mon âge, qui d’ordinaire annoncent de près la fin d’un règne et font songer à la fin d’un monde.

Le procès, les plaideurs, les avocats, les juges ont fait le sujet de bien des écrits et de bien des discours. Parmi tant de figures curieuses, je ne cherche