Solitaire, évoquer d’un hymne de poëte,
L’ombre d’Alfieri, de Byron, de Goëthe.
De la sphère créole, audacieux aiglon,
De mon aile effleurant les roches du Simplon,
Je veux, fier, saluer de ma voix inconnue
Tout aigle voyageur rencontré dans la nue.
Oh ! comme Humboldt, condor dont l’aile balaya
Les neiges du Caucase et de l’Hymalaya,
Qui, haletant, baigna dans l’eau des Amazones
Son front brûlé du feu des tropicales zones,
Que ne puis-je, Adrien, à tout ciel, sur tout sol,
A tout pôle égarer mon poétique vol !
Mais partir seul ! pousser mon écumante quille
Loin du rivage sombre où tu souffres tranquille !
Dans le port où tu vis, à l’abri de tout flot,
Sans pitié, te jeter un cri de matelot !
T’abandonner ainsi, mourante sensitive,
Au sol qui te refuse une goutte d’eau vive !
Cher Adrien, jamais ! Si pour voir Portici,
Naple, Ischia, je pars… tu dois partir aussi !
Sur l’Océan frappé d’une quille jumelle,
Qu’à mon sillage enfin ton sillage se mêle !
Juillet 1837.
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