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LE GRAND SILENCE BLANC

voudra Tempest. Tempest veut que je sorte dans l’ouragan et dans le froid. Écoutons-le. Il est chien de bon conseil. Conseils de chien doivent toujours être suivis, ce ne sont pas conseils d’hommes.

Je m’équipe et sors. La tempête paraît calmée. Tempest file le museau dans la neige ; à cent pas, il s’arrête et lance un aboiement de détresse. J’accours et j’aperçois une forme que la neige couvre, peu à peu, de son drap glacé.

— Holà fellow, vous choisissez bien mal votre couchette, vous n’en reviendrez pas, savez-vous.

Je secoue le corps avec violence. C’est une loque inerte. Le vent, un instant apaisé, siffle à nouveau aigre et aigu. Des milliers d’aiguilles piquent ma peau. Il faut prendre une décision.

Houp là ! Je charge le camarade sur les épaules. Quelque chechaquo évidemment. Il faut être novice pour continuer sa route dans la montagne par un temps pareil.

Tempest suit, le mufle sur mes talons. Je glisse mon fardeau, par l’ouverture de l’igloo, dans la chambre où j’entre à mon tour.

Sans façon, Tempest fait la même chose. Le spectacle l’intéresse évidemment.

L’inconnu est tombé la face contre terre. Je le retourne afin de lui donner des soins et je constate que ce diable d’imprudent est une diablesse de femme, et que cette femme est Jessie Marlowe.