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LE GRAND SILENCE BLANC

nous. Le sergent a été trouvé ce matin, gelé à bloc à l’endroit même que Lynn avait dit.

Ayant mis les raquettes sous son bras, le policier nous propose d’aller voir la victime.

Dans une salle basse, sur un lit de camp, le sergent est étendu. Quelques camarades veillent le corps en fumant des cigarettes.

La tête de la victime est légèrement inclinée sur la gauche et, sous l’oreille, on aperçoit la blessure, une blessure triangulaire, nette, qui n’a pas un centimètre de longueur et d’où pourtant la vie s’est échappée. C’est, en effet, un « beau coup ».

— C’est le seul indice que nous ayons, explique un autre sergent, mais c’est suffisant pour retrouver l’homme.

— Pauvre Harry Marlowe ! prononce le garçon qui nous conduit.

Harry Marlowe ! Harry Marlowe ! Je connais ce nom. Où donc l’ai-je entendu déjà ?

Ah ! oui, je me souviens, la Princess-Sophia. Jessie Marlowe, il y a quatre mois déjà. Les soucis de mon installation m’ont fait oublier cette rencontre.

J’entends avec netteté la voix qui me dit :

— J’ai marié Harry Marlowe, le sergent de la police montée canadienne.

Jessie Marlowe, dont le souvenir m’occupa quelques heures et que je n’ai point revue…

Et répétant la phrase que je viens d’entendre,