monde, où l’éternel réprouvé se plaint de ne s’être jamais reposé. Il implore ses amis les arbres, se suspend aux rameaux, fait un bouquet de feuilles, qu’il jette bientôt, lassé, pour aller mugir comme un orgue sous les hautes voûtes des séquoias. Puis, il ravale sa plainte aux humbles pousses, caresse les saxifrages et les lichens, se cogne aux rochers pointus et va, plus loin, porter sa peine et pleurer sa douleur.
Et les bêtes de la forêt s’éveillent une à une. Mon oreille reconnaît le lynx aux yeux obliques, guettant, les jarrets repliés, sa proie. Seules ses oreilles droites écoutent.
Le chat-tigre trompe son attente en plantant ses griffes dans la branche qui le soutient. Son museau se plisse et ses oreilles sont rabattues.
Les renards passent, fouineurs, la queue basse, les gris, les argentés, les noirs, les rouges fauves, les blancs rosés ; puis, voici les aristocrates, les bleus et les blancs, qui vont du Labrador à la mer de Béring promenant leurs rares fourrures.
Ils ont le museau large et court, ils trottent sur leurs courtes pattes et changent de pelage deux fois l’an. Blancs en hiver, ils deviennent blond foncé avec des reflets violets en été.
Soudain, peureux, ils se tapissent… l’armée redoutable des loups s’avance…
Les grands loups polaires au pelage souple, noir ou gris, qui vont maigres et nerveux, les oreilles droites, la gueule ouverte essayant de