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LE GRAND SILENCE BLANC

des roses. Puis, un matin, je pris le train pour Seattle où je m’arrêtai deux fois vingt-quatre heures pour échanger un cordial shake-hand avec ma bonne amie, Marcelle de J…, dont l’âme est fleurie de poésie comme un églantier de France à l’avril.



La coquette villa où s’abrite, à Seattle, le consulat de France. Devant la porte, au milieu d’un jardinet, un mât avec, à la cime, la flamme tricolore.

À l’intérieur, deux petits salons où la volonté de l’hôtesse a su faire revivre la grâce de la patrie lointaine.

Aux murs, quelques gravures d’un goût rare ; sur un chiffonnier Louis XVI, le Mercure de France fait une tache mauve, et Farrère est présent avec ses Petites Alliées.

J’ouvre le livre, distrait, et ma pensée vagabonde.

Une voix prononce, derrière moi :

— Vous devez aimer Farrère ?

— Beaucoup.

L’hôtesse m’observe et dit avec un anglicisme :

— Je pensais ainsi.