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LE GRAND SILENCE BLANC

miers émigrants ; du Canada et de la Colombie Britannique vinrent les autres.

Ils remontaient la côte du Pacifique, de Vancouver à Skagway, à travers le méandre des îles, sur des petits vapeurs trapus ou sur des embarcations à voiles. Les uns et les autres eurent à affronter les terribles courants de Prince of Wales, et plusieurs se fracassèrent sur le granit des roches, traîtreusement tapies au fond des passes.

Aujourd’hui, les passes ont été explorées, les sondages ont permis d’éviter les fonds pernicieux, quoique, par les grandes marées, la traversée soit encore des plus périlleuses.

Les hommes qui, en 1897, débarquèrent sur la plage boueuse de Dyea ou de Skagway, n’étaient pas au bout de leur peine.

Quelques cabanes de bois groupées au pied de la Pink Mountain, un misérable ponton sur pilotis, telle était Skagway.

Pour atteindre les terrains aurifères, la « terre qui paye », selon l’expression pittoresque des premiers mineurs, il fallait franchir la redoutable White-Pass. De Skagway à White-Horse, il y a cent onze milles par une route affreuse, surplombant l’abîme de huit à neuf cents pieds.

Aujourd’hui, une compagnie audacieuse a agrippé un chemin de fer sur les aiguilles et les arêtes des rochers de basalte. Par quel prodige, à la suite de quels efforts inouïs, la volonté de