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LE GRAND SILENCE BLANC

line. Il s’usait à l’ouvrage, peinant, piochant, minant, s’abîmant les yeux à chercher la plus petite parcelle d’or ; mais de l’or, pas ça, m’entendez-vous, pas ça, pas une once.

À droite et à gauche, ses compagnons ramassaient « de la paye » comme ils voulaient. C’était à se cogner la tête contre le rocher. Patrick ne fit pas cette stupide chose, ce en quoi il agit raisonnablement.

— Ça viendra, répétait-il avec philosophie.

Ça vint, en effet. Un après-midi, il avertit les camarades d’avoir à s’éloigner. Il voulait faire sauter une mine assez importante, assurant que certains indices lui révélaient avec certitude un filon.

Il alluma sa mèche et vint se mettre à l’abri avec ses compagnons. La mine réussit à merveille, et lorsque la fumée se fut dissipée, la colline apparut comme coupée au couteau. Un trou béant s’offrait ; on dégagea l’entrée, et Patrick et ses amis pénétrèrent dans une immense caverne. Mais, dès qu’ils eurent fait quelques pas, ils reculèrent, épouvantés.

Patrick, en bon Irlandais, se signa et revint affronter le péril ; il put se rendre compte alors qu’il se trouvait en présence d’un gigantesque mammouth.

Yes, sir, un mammouth, un vrai mammouth, en chair, en peau, en poils, en os, et en ivoire.