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LE GRAND SILENCE BLANC

comme le demi-quart d’un quartier de Chicago, les Grecs ont persuadé au monde, pendant des siècles, qu’ils étaient un peuple admirable. Des artistes, des philosophes, des orateurs et des poêtes ont chanté leur « gloire immortelle ». Oui, mais au commencement était Homère, et :


Trois mille ans ont passé sur la cendre d’Homère
Et, depuis trois mille ans, Homère respecté
Est jeune encore de gloire et d’immortalité.


Quel Homère dira l’abnégation et le courage, la volonté et l’énergie de ces hommes qui partirent à la conquête de la moderne toison d’or, n’ayant devant eux que des mondes inconnus, des solitudes vierges se perdant à l’infini dans des milliers de lieues de neige ?

L’or qui, dans les villes, coule entre les doigts comme l’eau primitive, ne laisse pas de trace.

L’or ! Tout ce qui s’achète et tout ce qui se vend… Sait-on ce qu’il a coûté de patience, d’attente, et de longue espérance au mineur solitaire ! Les compagnons d’Ulysse sont changés en pourceaux, avilissement de l’intelligence par la matière.

Vous n’avez pas eu de poète pour vous chanter, aventuriers de tous les pays, qui vîntes un matin sur la « terre qui paye » pour y chercher sinon fortune, du moins l’assurance d’une vie libre, loin des règles étroites de nos civilisations.

Aucun artiste n’a gravé nos exploits au Tem-