Page:Rouquette - Le Grand Silence Blanc, 1920.djvu/153

Cette page a été validée par deux contributeurs.
153
LE GRAND SILENCE BLANC

homme, mais parce qu’il est d’une riche nature et très haut en couleur.

Boby se relève, c’est un colosse important, il est encore un peu ahuri. Posément, tranquillement, avec sûreté et précision, il m’envoie une suite de coups de poings que je pare avec difficulté.

Mes jambes se dérobent et je m’affaisse. Ma tête porte sur un des patins de cuivre du traîneau…

Lorsque je reprends mes sens, je suis chez moi, dans ma hutte ; une grande ombre va et vient avec des gestes gauches et brusques.

C’est Boby le rouge qui s’est constitué garde-malade ; ses énormes mains portent, avec précaution, la théière et le bol…

— Ah ! vous voilà revenu, garçon, je n’en suis pas fâché ; depuis deux jours, vous commenciez à me donner des inquiétudes.

Tenez, buvez ça.

Avec des prévenances maternelles, le bon géant me soulève et me fait boire une mixture de sa composition où le gin et le whisky jouent certainement les premiers rôles.

Deux grosses larmes tombent de mes yeux. Et je pleure, je pleure, je pleure…

— Ça, c’est indispensable… conclut le rude mineur. Sans ça, ça vous crève… Je les connais ces coups-là… Pleurez, mon garçon… pleurez tout votre saoul… ça noie la bête-qui-trotte-dans-