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LE GRAND SILENCE BLANC

York, cinq jours de chemin de fer. La « Transatlantique » aura bien quelque Rochambeau ou Touraine accosté et si la mer est bonne, dans neuf ou dix jours tout au plus je débarquerai au Havre.

Si l’on arrive dans la nuit ou à l’aube, je pourrai prendre l’express de sept heures ou de neuf heures. Dans les deux cas, je serai à Paris vers midi.

Mentalement, je calcule les probabilités ; oui, tout s’arrange pour le mieux, je serai à Paris pour déjeuner. Cette certitude amène une détente et un apaisement.

Je suis sûr de moi à présent, j’attelle mes chiens sans impatience et, comme je lance mon traîneau sur le trail, je me surprends à siffloter.



Mais la bête ne lâche pas sa proie. Au premier mille, elle reprend son martèlement régulier, comme pour dire : c’est moi, je suis là, je ne suis pas partie…

Je fais donner à mes chiens toute leur vitesse, j’entends leur souffle rauque.

Je sens des picotements dans mes yeux, et j’ai