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LE GRAND SILENCE BLANC

Le chien, me croyant en danger, accourt l’aboi furieux.

— Entre.

Peureuse, craignant d’être battue, la bête passe…

— Mais non, mon pauvre vieux, je ne veux rien te faire ; viens, mon chien, viens près de moi, plus près encore.

Tempest a mis son museau sur mes genoux, ses bons yeux me guettent, étonnés ; je lui parle, je lui dis des choses insensées sur un ton tellement lamentable qu’il se met à hurler d’un sanglot continu…



Ma voix s’est tue. L’emprise de la bête est définitive. Elle agrippe mon cerveau, aspirant toute ma volonté… Il n’est pas possible de lutter. Je le sais par expérience. Je suis comme un vêtement vide. Tout sombre dans la nuit terrible. Et l’effroyable cauchemar commence.

L’ancienne croyance au démon tentateur, elle est là. L’esprit du mal qui rôde, c’est lui. Il est multiple et divers. Le chacal de Paphnuce, les larves d’Antoine, le serpent d’Ève, le démon de