filant, comme une flèche, avec ma proie sur mes épaules et mon chien rivalisant de vitesse avec moi.
Bonne chasse, joyeux retour. D’une main experte, je dépouille la bête dont je mets la peau à sécher. Je découpe un cuissot que je passe à la broche, cependant que, dehors, Tempest et ses compagnons se disputent les entrailles de la victime.
Les branches de sapins font des gerbes d’étincelles. Je hume avec joie l’odeur du rôti. Par ma foi ! je veux faire ripaille. De ma cantine, je sors une bouteille de champagne, du bon vieux champagne de France et non un Champaigne-type de Californie. Hélas ! c’est la dernière. Tant pis, ce soir Lucullus dîne chez Lucullus. Décidément, je fais des frais, je mets le couvert avec soin.
Sur une caisse renversée, je déploie un journal de Portland, — les ultimes nouvelles du monde civilisé, vieilles de trois mois ! Voilà ma nappe. Mon assiette d’aluminium, ma fourchette pliante que j’ouvre d’un coup sec, ma provision de sel et de poivre que je garde — comme nos pâtres languedociens — dans le creux d’un roseau.
Je ris sans raison en me frottant les mains.