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LE GRAND SILENCE BLANC

velle accomplit son obscur travail et les mâchoires massives ruminent des citations grecques.

Je lui lance un amical bonjour ; perdu dans son rêve l’homme ne l’entend pas, le traîneau vire, la silhouette diminue, elle a l’air de s’enfoncer dans la terre. Je me retourne sur mon siège et j’aperçois encore, là-bas, tout là-bas, le chapeau haut de forme ; c’est longtemps un point noir sur la blancheur de la neige polaire.

Le vent qui balaye la piste me fouette, je ferme les paupières ; lorsque je les rouvre, il n’y a plus rien à l’horizon.

Je ne reverrai jamais plus l’homme-qui-portait-un-chapeau-haut-de-forme parce que c’était dimanche et subitement, sans raison, j’en ai une peine infinie…

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— Vous pleurez ! ma parole !

— Moi, pleurer ! Vous êtes fou, Gregory, c’est ce diable de vent qui me pique les yeux.