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LE GRAND SILENCE BLANC

saharien qui montait dans la pureté du ciel, droite comme une fumée aromatique, et j’ai commencé à saisir intuitivement toute la grandeur, toute la beauté mystérieuse des Simples…

Ah ! qu’on était loin de la course aux gros sous sous le ciel barbouillé d’encre de la Ville !

Je suis entré dans Marrakech, la cité rouge, trois fois ceinturée de remparts, et, du haut de la casbah d’Agadir, j’ai longuement regardé l’Océan qui berçait ses eaux vertes comme pour séduire l’ardente terre barbaresque…

L’Amérique ? J’y viens, Mon Sieur ; si je la connais ? Depuis Punta-Arenas, dans le détroit de Magellan, jusqu’à Point-Barrow, à l’extrême pointe de l’Alaska…

Ce que je faisais ? Hé donc ! toujours mille métiers, mille misères !

J’ai fait des conférences sur la littérature française, lorsque le microbe littéraire prenait l’offensive. Entre temps, j’étais mineur aux mines d’or, meneur de chiens et conducteur de traîneau.

J’ai même représenté officiellement le Gouvernement de la République dans une grande foire, quelque part, là-bas, dans l’extrême Far-West. C’était la guerre ; comme sept conseils de révision n’avaient pas voulu de moi pour les armées, je fis « de la propagande » ; c’était avant l’intervention américaine. Mais voilà, pour « la propagande », il y avait un tas de braves gens