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« établissant entre eux une union toute divine. Cette providence est nécessaire aux âmes qui lui sont toute dévouées, et qu’il mène par des voies extraordinaires ; car tous les directeurs ne les comprennent pas et ne leur portent pas cet intérèt spécial. Il faut pour cela des personnes choisies, qu’il remplit de sa grâce et qu’il éclaire de ses vives lumières, pour les rendre propres à secourir ces âmes bien aimées. Le directeur qui traite avec ces âmes, sans les comprendre, en retire pour sa part plus d’admiration que d’édification. Sainte-Catherine de Gênes conclut, en disant : « que le directeur qui manque de lumières spéciales ne doit pas juger ces âmes, s’il ne veut se tromper dans son jugement. » (Vie de Ste-Catherine de Gênes, traduit du latin des Bollandistes, p. 158, 159.)

Il est donc aimé du Seigneur, il est soutenu et consolé, au milieu du monde hostile, celui qui voit toujours à son côté un envoyé du ciel, un ange humain, qui le garde, qui le guide et le protège avec fidélité et dévouement, dans toutes les épreuves de la vie. Heureux l’homme qui a rencontré cet ami, cet un entre mille !

’Tis he who makes no loud pretence,
But like the silent dew of heav’n,
Can blessings all unask’d dispense,
In noiseless acts of kindness giv’n.
’Tis he who, through life’s chequer’d ways,
When sun-bright scenes, or clouds appear,
With warm affection still displays
A heart unchang’d, — a soul sincere.

(Bliss.)

Nous avons vu ce que c’est que le monde ; nous avons vu son esprit de malice et de vanité ; nous savons qu’il est maudit de Dieu, qu’il est notre ennemi, et qu’il nous tend mille pièges pour nous faire tomber dans le mal et partager sa condamnation. Il est coupable, il est malheureux ; et il voudrait nous rendre coupables et malheureux comme lui : qu’attendons-nous alors pour le quitter, afin d’éviter sa contagion ? Qu’attendons-nous pour nous séparer de lui ? En le quittant qu’avons-nous à perdre, et que n’avons-nous pas à gagner ? pourquoi donc hésiter encore, pourquoi nous exposer, pourquoi ne pas fuir dans la solitude, où nous appelle la voix de Dieu, où nous pousse l’instinct de notre salut ? Fuyons, fuyons dans le désert ; c’est là notre abri, notre port, notre paradis !

Écoutons Saint-Eucher qui nous crie avec éloquence :

« Look round this world, and from the ocean of toilsome business, turn your eyes to the port of solitude ; bend your course this way. This is the only haven, to which you can retreat from the storms of this agitated life, to which you can repair, wearied and exhausted with the beating tempest of the world. Here all those, who are blown about by the fury of the whirlwind must ultimately look for shelter ; this is a secure station, a place of undisturbed repose ; this is a retreat free from perturbation, from tumult ; here soft tranquillity displays its serene smiles. When you shall have steered hither, your vessel, after many unavailiug labours, will be fastened to the anchor of the cross, and be held in perfect safety. »

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