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« concessions que l’on veut lui arracher chaque jour. » (Louis Veuillot, Rome et Lorette, LII.)

« Saint-Paul nous a prédit, dans sa seconde épître à Timothée, un temps où les hommes ne pourront plus souffrir la saine doctrine, et ayant une extrême démangeaison d’entendre ce qui les flatte, ils auront recours à une foule de docteurs propres à satisfaire leurs désirs : et fermant l’oreille à la vérité, ils l’ouvriront à des fables. — Mais pour vous, (Timothée) veillez continuellement afin d’arrêter le cours de ces désordres : souffrez constamment tous les travaux, que vous serez obligé d’entreprendre pour cela : faites la charge d’un bon évangéliste qui annonce l’évangile dans toute sa pureté : en un mot, remplissez tous les devoirs de votre ministère. » (2. Epit. Timoth. 4, 3. Trad. du P. Carrière.)

« L’éloquent Prosper d’Aquitaine dit : « les Évêques sont les proclamateurs énergiques de la vérité, les ennemis de la doctrine perverse.… Heureux le peuple possédant un homme de semblable mission ! Chaque jour il répandra sur la contrée les vérités comme le soleil y verse ses flots. Par la pluie brillante du soleil, la terre fleurit ; par la vérité répandue, le champ des âmes s’émaille de couleurs divines.  »(Mgr de Tulle, J. B, Léonard.)

« Qui fait les mauvais prêtres, (nous dit l’abbé Martinet,) qui les protège ? Évidemment, c’est le monde ! Pourquoi le prêtre rebelle trouve-t-il faveur dans le monde ? C’est que beaucoup sont en quête d’une religion agréable au cœur ennemi de la gêne ; et il n’y a que le mauvais prêtre qui puisse lui faire ce présent. Depuis trois mille ans, on n’a cessé de dire aux prophètes pervertis : Hommes de Dieu, donnez-nous une religion qui nous plaise ; loquimini nobis placentia. (Is. XXX, 10) ; et les prophètes, pour complaire à leurs fauteurs, comme aussi pour se justifier eux-mêmes, jettent au moule une religion nouvelle qu’ils dorent de quelque parole divine. La foule se prosterne avec amour devant le veau d’or, qu’elle a demandé, et dont elle a fourni la matière. » (Exod. XXXII) (3e Problème, p. 217.)

Soyons donc attentifs, nous docteurs de la loi, gardiens fidèles de la science divine, à qui une auréole est promise dans le ciel.

« Il ne faut pas s’étonner, dit le biographe du cardinal Tommasi, si la vérité nous suscite beaucoup d’ennemis, et nous expose au blâme et à la critique de cette multitude de gens superficiels et intéressés que l’on rencontre toujours devant soi quand on veut faire le bien. »

Tout prédicateur apostolique, c’est-à-dire, plein de zèle, d’indépendance et de courage, se déclare l’ennemi du vice et de l’erreur, et par là même il s’attire des persécutions. Celui qui est muet, qui n’ose pas dire la vérité, reprendre le vice, avertir et menacer, celui-là plaît, parce qu’il ne blesse pas ; mais est-il un apôtre ?

La prédication est la fonction la plus apostolique. Saint-Paul, étant bien persuadé de cette vérité, assure que Jésus-Christ l’avait envoyé, non pour baptiser, mais pour prêcher.

L’importance de la prédication a été comprise de tous temps : c’est pourquoi les prédicateurs sont déchargés, en grande partie, des détails du ministère ; c’est pourquoi les fidèles doivent subvenir à leurs besoins matériels, afin qu’ils puissent librement, et sans préoccupations, exercer leur apostolat, dispenser la parole divine et nécessaire : de là aussi les religieux mendiants et prêcheurs, — les Franciscains, Dominicains, etc.

Dans le 3e Concile de Baltimore, décret 2d. nous lisons :

« Ne sacerdotes, cum sacri ordinis dedecoro, mendicare, vel egestatem pati cogantur, Episcopos hortamur, ut fideles moneant muneris quo tenentur eis prœcipue qui in verbo et doctrina laborant, congruam sustentationem suppeditare. »

Prêcher, enseigner, c’est donc autant, et plus, que baptiser, bénir des mariages, et faire des enterrements.

Dans l’Église, il y a des apôtres, des prophètes, des évangélistes, des pasteurs et des docteurs ; il y a des contemplatifs et des hommes d’action. —