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frisson parcourut tous ses membres ; ses cheveux se dressèrent sur sa tête ; il frémit d’épouvante ; et, agité de remords, et courant ça et là, il s’écria : « Sacrilège insensé que je suis ! Qu’ai-je dit, qu’ai-je osé ? J’ai voulu enlever à Dieu sa sainte épouse ; j’ai souillé la solitude d’une vierge immaculée ; je l’ai offensée ; je l’ai blessée ; je l’ai tuée ! … Fuis, ô monstre ingrat ! Fuis de ces lieux,—profanés par tes pas, profanés par ton souffle ; fuis jusqu’au bout du monde ; fuis jusqu’au fond des enfers ! »

Lossima et Rosalie arrivèrent alors ; et, prodiguant tous les soins de la plus tendre amitié à la Solitaire évanouie, elle revint à elle-même ; et, croyant être seule, elle disait, en soupirant : « Où suis-je ? … qui est là ? … qu’entends-je ? … O mon Dieu, où était ton amour, lorsque cet homme a osé me suggérer la pensée du mariage ? … O mon Dieu et mon Tout, où était ta puissance ? Oh ! où était ta jalousie ? … Que mon exil est douloureux et prolongé ! … Qui me donnera des ailes ? Je voudrais m’envoler là où est tout mon trésor ! Dissous-toi, ô mon corps ! Brise tes liens, ô mon âme ! Prends ton vol vers la grande patrie ! Il fait froid, il fait nuit ici-bas ! Je languis d’amour, je tombe de défaillance, je me meurs du désir d’entrer dans la chambre nuptiale où m’attend Celui que j’aime ! O mon Epoux, ô mon Bien-Aimé, prends moi dans ton sein palpitant d’émotion ! Prends-moi dans la couche secrète