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CHAPITRE IX


En vérité, il est toujours triste et malheureux pour un homme quelconque d’avoir un caractère d’exception et une âme d’élite ; et, afin de conserver la délicatesse de cette âme et l’élévation de ce caractère, d’être obligé de vivre en dehors de toutes relations sociales, et de se mettre « en quarantaine perpétuelle au milieu de son siècle ; » d’être obligé de quitter sa patrie, et de se faire sauvage et solitaire ; oui, il est déplorable de n’être pas et de ne pas faire comme tous les autres : Cet homme semble alors, lui seul, avoir levé la main contre tous, et tous lèvent la main contre lui seul !

Hopoyouksa vivait en dehors de la contagion littéraire et politique, en dehors des aveugles instincts et des folles théories de ce grand siècle impie, qui s’est intitulé le siècle de lumières : La nature reçut dans ses vierges forêts ce jeune et enthousiaste proscrit des vieilles sociétés, que glace et endurcit le sombre hiver d’un égoïsme désespérant, et qu’entraîne vers leur ruine la démence d’une audacieuse impiété, qui blasphème et défie Dieu lui-même ! En se rapprochant de la nature, il se rapprocha de Dieu. « Qu’il est doux, disait-il souvent, le calme profond des déserts, après les agitations fiévreuses d’un siècle