Page:Rouquette - La Nouvelle Atala, 1879.djvu/90

Cette page n’a pas encore été corrigée

Rosalie prit alors d’une main une feuille de magnolia remplie de l’eau de la pluie, et, de l’autre, écartant les cheveux du noble guerrier de la Tribu de l’Aigle, en versant l’eau sur sa tête, elle articula distinctement, elle prononça à haute voix les paroles suivants : « Voulant faire ce qu’a fait Jésus-Christ, et ce que fait le prêtre, lorsqu’il accomplit cet acte solennel, Léon, je te baptiste au Nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il. »

Le vaillant guerrier, tenant toujours le serpent, demeura prosterné, et la tête courbée. Rosalie, émue d’une joie profonde, lui dit alors :

« Issabé ! tu t’es courbé, esclave du démon ; Léon ! relève-toi, enfant de Dieu ! »

—Dieu soit loué ! —

« O Rosalie ! lui dit alors le guerrier néophyte, sauve-toi ! Je sens mes bras s’engourdir ; mes doigts n’ont plus de force ; ils vont bientôt s’ouvrir et rendre la liberté au monstre irrité… Sauve-toi ! »

« Non, s’écria sa fiancée, non, je ne me sauverai pas ; je reste auprès de toi ; nous mourrons ensemble : Et l’éternité ratifiera l’alliance conclue dans le temps ! »

Le monstre se débattait, dans sa colère et son impuissance ; il exhalait des émanations putrides, une odeur nauséeuse, un fluide immonde : L’atmosphère environnante en était empoisonnée. Issabé sentait qu’il allait bientôt défaillir ; mais,