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mosaïque à bordures blanches sur le fond cendré de sa peau moirée et chatoyante ; selon les reflets de la lumière ou de l’ombre, ces nuances sont tantôt miroitantes. A le voir se rouler et se dérouler, on dirait un collier vivant qui se ment de lui-même, en se confondant avec les fleurs diaprées : Le spectateur émerveillé se dit, en l’admirant : « Non seulement le serpent est le plus fin des animaux, mais il est aussi le plus beau ! Semblable à un ressort animé, sans ailes, sans pieds et sans nageoires, il glisse sur la terre, s’élance dans l’air ou fend les flots, avec la promptitude et la vitesse de l’éclair qui sillonne le ciel. »

Ce jour-là, le temps était orageux, lourd et chaud ; l’atmosphère, chargée d’électricité ; et le soleil brillait à travers les nuages : C’est le temps où le serpent est le plus dangereux.

Rosalie, qui chantait toujours, dans sa rêveuse mélancolie, et regardait vaguement de côté et d’autre, aperçoit au loin l’animal tortueux qui s’avance vers elle ; ses mouvements gracieux captivent ses regards ; elle les suit avec attention ; ses yeux rencontrent enfin les yeux du reptile ondoyant ; elle est encore plus attentive et se sent plus fortement captivée ; un voile s’étend sur sa vue troublée ; un charme l’a pénétrée ; elle est comme enchaînée ; elle veut crier, elle ne le peut ; elle fait un effort pour s’enfuir, c’est en vain : Elle est transformée en statue muette et immo-