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hommes de la vile prose et du froid calcul, économistes de la matière, vous prétendez que la théorie ne domine pas la pratique ; la pensée, l’action ; l’Idéal, le réel ; l’Absolu, le relatif ; Dieu, toute la création et toutes les sociétés ; vous appelez rêveurs et idéologues ceux qui disent que l’ordre supérieur doit gouverner l’ordre inférieur ; la tête, les bras et les pieds ; l’unité, le nombre ; —ceux qui disent qu’il y a, dans toute société, une classe privilégiée ; une classe intelligente, honorable, formée par l’éducation, et qui doit gouverner la multitude le peuple, les masses ignorantes et marchandes, ouvrières et matérielles : Et cependant, tous les astres tournent autour du soleil, leur centre commun ; il n’y a qu’un seul Pape dans l’Église ; un seul général en chef dans l’armée ; un seul capitaine sur le navire ; partout et toujours, le nombre tumultueux est soumis à l’unité tranquille, qui concentre les volontés et les forces diverses en elle seule, afin d’agir avec une vigueur souveraine et une souveraine majesté ; à la force centrifuge et désordonnée, il faut opposer la force centralisante, l’unité de volonté et d’action. Ah ! que Fénélon,—ce cygne en qui il y avait de l’aigle,—disait vrai, lorsqu’il disait : « Quelle folie de mettre son bonheur à gouverner les autres hommes, dont le gouvernement donne tant de peine, si on veut les gouverner avec raison, et suivant la justice ! … Mais pourquoi prendre plaisir à les gouverner malgré eux ?