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cette énervante atmosphère de luxe extravagant, d’affèterie étudiée et d’indignes futilités, qui dénaturent le cœur et suffoquent la pensée ? Qu’aurait-elle fait dans le monde ? —Dans le monde, on se prive du nécessaire ; et cela, pour acheter les plus folles superfluités du caprice. L’artifice y prend tous les masques de la séduction. Le monde, avec ses modes indécentes et ridicules, ses bals délirants, ses cyniques et sacrilèges théâtres, avec ses danses impures et ses hideuses mascarades,—le monde est le vestibule du séjour de l’éternel désespoir ! … Malheur au monde ! C’est le démon qui lui inspire sa froide malice, sa noire méchanceté et ses impitoyables vengeances !

Entre sa sortie du Couvent et l’époque où elle se perdit dans les bois, Atala passa plusieurs années dans la maison paternelle ; elle y éprouvait une gêne, un malaise, une inquiétude indéfinissable, un vague besoin de quelque chose d’inconnu, après lequel son âme soupirait sans cesse. Pourquoi regardait-elle si souvent du côté de la forêt ? Pourquoi allait-elle, rêveuse, s’asseoir au bord du fleuve qui passait devant l’habitation de son père ? Pourquoi suivait-elle le vol des oiseaux, en disant avec tristesse : « Oh ! si j’avais des ailes ! » Pourquoi enviait-elle le sort de l’Indienne, lorsqu’elle avait tout ce qu’elle pouvait désirer ? Ah ! ne me demandez pas, pourquoi ? Le cœur humain est un mystère ; il a des élans qui atteignent les hauteurs de l’infini ; et on ne