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CHAPITRE VII


Parmi des droits incontestables et imprescriptibles de l’homme, il faut mettre en première ligne le droit d’émigrer ; le droit de changer de patrie, lorsque l’honneur le commande, ou qu’une grande infortune en fait un devoir et une nécessité. La patrie de l’apôtre est partout où il y a des âmes à sauver.

C’est encore un des droits incontestables de l’homme, de se détacher d’une société quelconque, où il ne trouve plus que des sujets d’affliction, de dégoût et de honte.

Il est aussi des circonstances où il peut et doit s’éloigner de sa famille et de ses amis.

L’exil est souvent le seul refuge et la seule sauve-garde du malheur et de la dignité, du génie et de la sainteté.

Atala ne s’est pas détachée de la société, elle n’a pas fui la famille ; mais elle en a été détachée par un événement providentiel, qu’elle a toujours regardé comme un bonheur, et qui l’a placée en dehors des froides convenances, des humiliantes contraintes, et des fastidieux détails d’une étiquette exigeante, qui rapetisse les grands et qui grandit les petits. Dans le monde, on donne la plus sérieuse attention aux choses les plus insignifiantes, et aux choses les plus importantes on