Page:Rouquette - La Nouvelle Atala, 1879.djvu/67

Cette page n’a pas encore été corrigée

cérémonies de noces, à mes yeux, ressemblent à des cérémonies funèbres ! La couche nuptiale n’est, le plus souvent, qu’un froid tombeau ! Heureuse la femme, qui n’est pas appelée à concevoir dans la tristesse, et à enfanter dans la douleur ! Heureuse la vierge et solitaire Atala ! N’adorer que Dieu seul, c’est ressembler à l’ange. »

Pendant ce temps, la contemplative Atala, agenouillée au bord d’un torrent, les yeux levés et les bras étendus vers le ciel disait, dans un mystique élan : « Oiseaux, taisez-vous, arbres, fleurs, étoiles, objets sensibles, univers visible, monde intelligible,—disparaissez tous,—effacez-vous ! O sombres voiles, qui me cachez mon Dieu,—images, souvenirs, pensées, multiplicités confuses et obscurcissantes,—écartez vos plis épais ; laissez-moi voir la Grande Unité ; laissez-moi contempler Dieu seul ; laissez-moi m’unir au Tout Unique ! O mon Dieu, que mon âme, vide de toute image, vide de tout souvenir, vide de toute pensée,—temple désert et silencieux,—ne se remplisse,—ainsi dénudée, ainsi abstraite,—que de ta présence ; ne s’illumine que de ta lumière ; ne s’enflamme que de ton amour : Et, toute à toi, partout et toujours, qu’elle soit unie à toi seul, dans l’extatique abnégation d’elle-même et dans l’oubli universel de tout ce qui n’est pas toi,—entière abdication, immolation complète de toutes ses facultés et de toutes ses puissances, dans un acte intense de suprême et déiforme