et allait plonger dans son cœur, Rosalie lui apparut, dans toute la virginale splendeur de sa beauté, éclairée par la lune et les étoiles,—flambeaux mystérieux, lampes mystiques du firmament.
« Arrête, dit-elle ; écoute : La fille de la nuit a entendu les paroles du fils de l’aurore ; craignant que tu ne commisses quelque acte insensé, elle t’avait suivi, et s’était cachée derrière cette touffe de jeunes lauriers ; ses entrailles ont tressailli aux accents passionnés qu’elle a entendus et recueillis dans son âme : Le remords l’a accablée ; ce remords s’est changé en repentir ; ce repentir, en amour : Je t’aime, ô Issabé, autant que tu m’aimes ; je t’aime plus que tu ne m’aimes ; je t’aime plus qu’aucune femme n’a jamais aimé ! Le prêtre du Grand-Esprit, avant la fin de cette lune, bénira l’alliance du fils de l’aurore et de la fille de la nuit. »
« Ah ! répondit le frère de Lossima, je consens à vivre, puisque les cris de ma douleur ont remué tes entrailles, et fait couler tes larmes ! … C’est l’heure du crépuscule : Le jour, en rougissant, va bientôt épouser la nuit, au voile d’azur parsemé d’étoiles : Ton champ sera mon champ ; ta cabane, ma cabane. »
Changement soudain, étrange retour, inexplicable contradiction du cœur de la femme : Rosalie, qui, tout à l’heure, était maîtresse d’elle-même, si fière et froide, porte maintenant les chaînes