Page:Rouquette - La Nouvelle Atala, 1879.djvu/61

Cette page n’a pas encore été corrigée

battements de son cœur, aux battements de mon cœur ; son amour, à mon amour : Pour elle, j’aurais parcouru toutes les forêts et toutes les prairies, en cherchant les plus rares aliments, les fruits les plus exquis, les chairs les plus délicates ; je lui aurais préparé des peaux de chevreuil et de castor, pour lui servir de tapis dans sa cabane ; en m’oubliant moi-même, j’aurais tout fait pour elle seule ; sa respiration eût été ma respiration ; son âme, mon âme ; sa vie, ma vie ! … Mais, elle n’a pas voulu ! elle m’a dit : « Va-t-en ; va conter ces extravagances à une autre qui saura les comprendre et y répondra. » Oui, elle m’a repoussé avec froideur, avec dureté, avec ironie et dédain… O fille de la nuit, ô vierge du mystère, ô sombre beauté, fleur éclose sous le voile des ténèbres. Rosalie ! Pourquoi m’as-tu ainsi désenchanté ? Pourquoi as-tu ainsi attristé mon existence ? Que t’avais-je donc fait ? Est-ce pour t’avoir trop aimée, pour te l’avoir dit avec trop de naïveté, pour te l’avoir répété trop souvent ? Dis-moi, froide fille, née dans une froide nuit d’hiver, pourquoi as-tu voilé de deuil mon âme, et arrosé de mes larmes tous les sentiers par où je passe en ne pensant qu’à toi ? Pourquoi ; oh ! pourquoi ? … J’ai appris ton nom aux fleurs, aux arbres, aux oiseaux et aux étoiles ; je l’ai appris aux fleuves impétueux, aux lacs d’azur et aux sources murmurantes : Pourrons-nous jamais oublier ce nom ? Oublie-t-on si vite ce qu’on a