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j’étais. Je suis devenu semblable à une femme. Je pleure comme un enfant. Je ne me reconnais plus moi-même. Mon âme est détrempée. Je ne suis plus que l’ombre dégénéré du noble et fier guerrier de la tribu de l’Aigle. L’amour a détendu mon arc et émoussé la pointe de mes flèches. Ah ! qu’est devenue la gloire dont les rayons entouraient mon front de tant de prestige ? Tout cela est éteint, tout cela est évanoui, tout cela n’est plus qu’un souvenir ! … Adieu tout ; oui, tout ! Il ne me reste plus que le désespoir, qu’a laissé derrière elle la mortelle froideur d’une fille de la nuit !

« O femme ! n’es-tu pas semblable à la fleur dans laquelle un serpent s’est caché ? Tu fascines, tu attires pour blesser ; et tu blesses d’une blessure que, toi seule, tu pourrais guérir, et que, seule, tu envenimes ! Malheur à l’insensé qui s’est approché de toi ! Malheur à celui à qui tu as souri une seule fois ! Malheur, malheur ! Le désespoir l’accompagnera jusqu’au seuil du tombeau ! Il traversera la vie, en désirant la mort ! Pour lui, toute fleur sera flétrie ; toute joie, empoisonnée ; toute ivresse, inondée d’amertume ! Il connaîtra la mort dans la vie même ! Oui, malheur à celui auprès de qui la femme n’a fait que passer : Chaque empreinte de ses pieds est suivie d’un grand deuil sur la terre ?

« Et cependant… Oh ! si elle avait voulu ; si ses yeux avaient répondu à mes yeux ; les