Page:Rouquette - La Nouvelle Atala, 1879.djvu/54

Cette page n’a pas encore été corrigée

les plus belles fleurs, plus splendide que les plus splendides étoiles, et ta voix épanche une mélodie qui ne ressemble à aucune mélodie de la terre : Quelle femme t’a créée, dans une nuit d’été, pendant que l’atmosphère était chargée des parfums enivrants de toutes les corolles entr’ouvertes par le frémissement de la brise caressante ? Parle, oui, parle, ô fille du mystère, dont le berceau a été enveloppé d’ombres, et à qui la nuit a prêté ses voiles, pour ajouter à tes charmes le charme de la jalouse obscurité ? Oh ! parle, et dis le secret qui est renfermé dans ton sein comme le miel dans le calice d’une fleur ; dis-moi, si tu m’aimes ? » La chaste fille de la nuit, levant les yeux, et le regardant avec étonnement, répondit à l’enfant du désert : « Le mauvais génie a troublé ta raison ; la passion t’aveugle et t’égare ; tu es comme l’homme qui a trop bu de cette liqueur perfide qui cause tant de maux ; retourne dans la cabane de ta mère, et dis-lui que tu as voulu rendre malheureuse une femme qui n’est pas de ta race, et qui n’est pas de ta tribu ; une femme qui aime trop sa liberté pour se laisser enchaîner par l’amour ; car l’amour est une fleur attrayante qui promet beaucoup de miel, mais qui ne prodigue qu’une amertume dont s’abreuve notre vie : Il vaut mieux s’appartenir qu’appartenir à un autre, et se donner à Dieu que se donner à l’homme… Je ne t’aime que comme une sœur. » L’Indien alors répliqua avec tristesse : « O fille