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rappelaient chaque lieu, chaque incident, chaque confidence… Oh ! qu’il est doux de tourner, une à une, toutes les pages d’une vie aussi pure que la lumière qui l’éclaira et que les lys qui en furent le mystique emblème !

Rosalie construisit sa hutte entre le Grande-Ermitage et la cabane de Lossima. Elle cultivait un petit jardin de maïs, de patates et de fèves. Elle chantait sans cesse ces naïves chansons créoles qui inspirent à l’âme de si douces tristesses, en lui rappelant des joies si pures, mais des joies qui ne doivent plus jamais revenir. Ces chansons du foyer natal, elle les soupirait, plutôt qu’elle ne les chantait ; elle les fredonnait avec une expression de mélancolie qui rendait la nuit plus rêveuse et plus voilée de mystère : C’étaient des notes mélodieuses qui tombaient comme des larmes dans le silence de la solitude !

Rosalie était une jeune et belle négresse,—jeune comme le printemps, et belle comme la nuit.

Le frère de Lossima, qui s’appelait Issabé, Tueur-de-Chevreuil, fut soudainement frappé et profondément ému par la jeunesse et la beauté de cette vierge au teint d’ébène : Il en devint éperdument épris.

La belle Rosalie parlait la langue française presque aussi bien que sa jeune maîtresse ; elle en avait acquis la connaissance et l’usage dans la fréquentation habituelle des personnes de la