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pourquoi ne t’ai-je plus ? Il me semble que ta place est auprès de moi : Deux cœurs aussi unis, aussi semblables, doivent-ils, peuvent-ils être séparés et vivre si loin l’un de l’autre ? »

Il est des phénomènes d l’âme et de l’organisation humaine que l’on ne peut nier, quoique l’on ne puisse les expliquer : La seconde vue, le pressentiment, l’intuition sympathique : Au même moment où Atala faisait ces réflexions sur l’absence de Rosalie, et désirait si ardemment d’être réunie à elle, Rosalie, sa bonne et mélancolique négresse, dépérissait de ne plus voir, de ne plus entendre, de ne plus rencontrer nulle part sa jeune et douce maîtresse ; elle projetait de s’enfoncer dans les bois à sa recherche, et de n’en sortir qu’après l’avoir trouvée. « Oui, se disait-elle à elle-même, je la trouverai dans la profondeur des bois, ou je m’y perdrai comme elle ; et, comme elle, j’y serai dévorée des oiseaux de proie ou des bêtes féroces ! »

Depuis plusieurs semaines, tous ceux de la maison des parents d’Atala s’apercevaient que Rosalie était profondément préoccupée : Elle répondait avec distraction ; elle regardait, sans voir ; écoutait, sans entendre ; s’agitait et s’empressait, sans rien faire ; ses doigts s’entr’ouvraient et laissaient tomber les gobelets de cristal et les tasses de porcelaine ; elle tremblait d’être envoyée dans le champ, à cause de ses fautes aussi fréquentes qu’involontaires ; son esprit était loin,